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Au bord de Lo
20 octobre 2008

Contre-jours

Il est accoudé à la rambarde de la fenêtre, silhouette noire dans l’obscurité de la cour, là en face, légèrement décalé sur la droite. La lumière de la cuisine (est-ce la cuisine ?), blanche, en dessine les contours. Une cigarette à la main, il perd son regard dans le fond de la cour, sans prêter attention. Il aime se pencher ainsi, l’esprit au vent, le temps d’une clope, avant de se soustraire à nouveau à ma vue. Il a une quarantaine d’années. Il part tôt, le matin.

A côté, bien en face, les stores blancs sont tirés. Un mince filet blanc laisse soupçonner la présence de la jeune demoiselle.

A gauche maintenant, nuit noire. Le chat dort, derrière le mince rideau de tulle bleu. Autre demoiselle. Une noctambule à qui suffit une lumière tamisée.

Les deux se confondent dans mon esprit. Elles sont arrivées il y a peu, à quelques semaines près, cet été, seules, me semble-t-il. Et jeunes, étudiantes surement. Bien que succincte, leur beauté devinée semble bien réelle.

Je ne les ai pas croisées, là en bas, dans la cour. Pas encore.

Au début du mois, on discutait entre voisins au pied de l’escalier. Une splendide demoiselle a filé sous mes yeux (splendide apparition, en vérité, mais je m’enthousiasme vite), je n’y ai reconnu aucune de ces deux silhouettes.

Trois opportunités. Je vous raconterai, si jamais.

Sous le chat à la fenêtre, celle, opacifiée, entrouverte toujours, éclairée, de la cuisine. A gauche, la double et grande fenêtre du salon (mais est-ce le salon ?), fermée aujourd’hui, qu’un épais rideau de toile crème aveugle de part en part. Eux non plus je ne les croise jamais. Une femme, je crois, aperçue par hasard refermant une seconde la grande fenêtre. Un homme aussi, peut-être, ses mains qui s’agitent parfois dans l’entrebâillement de la fenêtre de la cuisine, au-dessus de l’évier adossé au mur. Jamais je n’ai vu ces deux fenêtres ouvertes depuis que j’habite l’immeuble. Ils s’accommodent bien à l’abri de la lumière du jour.

Le verrou claque, la lourde porte coulisse. Une, deux secondes, et la lumière éclate dans la cour. Un quidam passe furtivement avant que la nuit n'irradie à nouveau.

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